Un écrin creusois (répétez trois fois)

Comment résumer cette dernière étape du disque, cette fameuse pochette, tant l’étape est dense et forte ? Je vais tenter...
A l’automne 2021, sortie de mon enregistrement, je me questionne : mais à quoi va ressembler le disque ? Aucune idée. Enfin si, un peu. Je veux de la photo. Mais hormis cela, grand point d’interrogation… Pas évident de mettre en images du son et surtout de continuer à trouver cette cohérence d’ensemble.

Des copains m’avaient dit : « il faut qu’on te voit ! » Une fois dit cela, le champ des possibles est énorme. Ce qui est chouette c’est que Céline mon amie graphiste recherche toujours cette cohérence dans tous ses projets. Elle ne me lâchera pas du fond de son village de Creuse, jusqu’au bout dans le moindre de mes petits sentiments intérieurs que « ce n’est pas tout à fait ça ». Nous sommes faites du même bois. Cela peut passer pour de la psychorigidité mais c’est en fait ce petit truc bien placé qui fait que cela vibre juste là et pas à un autre endroit.

Quand nous choisissons les photos de Nathalie, il ne s’agit plus de beauté esthétique mais de choisir les clichés qui vibrent, qui parlent de ce que je veux raconter, de qui je suis. C’est beau d’être accompagnée de la sorte. Exigence douce. Céline me demande intuitivement une série de mots : les parts de moi que je veux déposer dans mon album et ce que je veux transmettre. Et oui, ça creuse, ça creuse… Et le travail se poursuit ainsi, de semaine en semaine, de choix en choix, de petit pas en petit pas. Un travail sur la chromie des photos est aussi à l’œuvre, dentelle lumineuse…

Cependant, nous avons une certitude depuis janvier : la photo de couverture. Depuis les prises de vue en intérieur chez Nathalie. Une photo de moi que j’aime particulièrement avec une prise de vue en double exposition. J’en suis d’autant plus ravie que c’est l’une des premières choses qui m’avait séduite dans son travail de photographe. Sortie de notre session en extérieur, je croyais avoir assez de matière et Nathalie m’avait chaudement recommandé de conserver la session en intérieur et elle eût raison car en ce matin lumineux de janvier, je me souviens de mon état intérieur et du sourire aux lèvres au sortir de chez elle : quand tu sais que tu tiens ta couverture de l’album.

Céline a œuvré jusqu’au bout avec finesse et joie de me faire du sur-mesure : « c’est ton album, tu te fais ce cadeau!  »
En ce mois d’avril, à l’heure des dernières corrections avant pressage, la pharyngite me gagne et elle le covid… Je sens pour nous deux qu’on arrive à l’ultime pierre de la construction. Ce n’est pas rien. Après un an de travail. Même l’envie de raconter s’assèche. Je le sens bien. Quand on arrive au bout du chemin, il n’y a plus rien à dire. Juste à accueillir.

Un endroit très beau est sur le point de naître. Gratitude.