Soleil de janvier

C’est une journée parfaite. Météorologiquement parlant. Le soleil sera radieux, le ciel immaculé. Banco. Pour l’heure, il fait nuit noire. 7H45, nous quittons Nantes direction la Vendée. Si, si. Et plus précisément Chavagnes-en-Paillers. Je te jure (c’est la nantaise railleuse du bocage vendéen qui parle). Car G, elle, est ravie d’aller au lac de la Bultière pour cette séance photos en extérieur, et surtout d’avoir eu cette idée (ou peut-être ce flash, c’est parfois à se demander…)

Le lac de la Bultière est un lieu que j’affectionne pour l’avoir découvert cet été, alors que je décidais de partir de chez moi à pied en solo sur le chemin des Miquelots (chemin jacquaire vers le Mont Saint Michel). Mon périple devait durer cinq jours mais se termina au bout de quatre. Le soir du quatrième jour, en arrivant à ce fameux lac qui me plût au premier coup d’œil, je ne pouvais que clôturer là mon aventure pédestre, dans cet endroit très beau. Je me promis d’y revenir bientôt et d’en connaître mieux les contours (13 km quand même !)

Direction donc Montaigu pour rejoindre ledit lieu. Quarante minutes pour faire connaissance avec Nathalie, c’est parfait. Pas de temps à perdre cependant car la lumière bouge vite. « C’est l’heure bleue », m’apprend Nathalie. Heure qui précède l’heure dorée quand le soleil prend le pas sur la nuit.

Nous approchons. Depuis ce matin, je suis un peu agitée. Même si j’ai l’intime conviction que les photos seront réussies, je crains…le froid ! Il fait 1° ! J’ai donc superposé un nombre certain de couches discrètes en bas comme en haut pour parer à ma frêle couche de graisse, tout en ne paraissant pas bonhomme Michelin. Ça a aidé mais quand il fait froid, ben...il fait froid ! J’ai blindé les thermos de thé et café. Et pour les épaules et la mâchoire contractés, il faudra aviser sur place. J’ai emmené par ailleurs plusieurs tenues me questionnant sur ma capacité de me changer en pleine nature avec un thermomètre proche du négatif. L’aventure est toujours un poil inconfortable.

Nous arrivons. Je laisse Nathalie prendre de l’avance et descendre au lac, tandis que j'endosse mon barda, thermos, tenues fourrées dans mon sac à dos de randonnée, habillée et chaussée comme une chanteuse qui va se faire photographier. Je me sens comme une poule avec un couteau. Mais joyeuse quand même la poule. Ça équilibre. Parce que l’aventure en vrai, j’aime bien. J’en oublie mon téléphone dans la voiture qui ne me permettra pas d’immortaliser le moment pour illustrer cette chronique. Ça semble juste, aujourd’hui je suis devant l’objectif. Focus.

Je rejoins Nathalie qui me dit : « faut qu’on prenne des photos tout de suite ! » Le soleil n’est pas encore levé. Je découvre la brume sur le lac, le givre sur les berges et ce silence. C’est turnerien. Ou romantique. Bienvenue en monochromie. En tout cas, c’est le moment ! Je me place à l’endroit indiqué. Ouf, j’ai le droit de garder ma veste. Car en plus de faire froid, il fait humide. Le combo que j’affectionne tout particulièrement. 

Deux pêcheurs arrivent et nous saluent. La lumière change vite. Très vite. Nous changeons d’endroit et face à nous, derrière la brume et quelques branchages, le soleil apparaît. Discrètement d’abord puis majestueux, entre une belle lignées d’arbres nus. Son reflet dans le lac ajoute à la puissance de l’instant. Je suis ébahie de tant de beauté, de grâce. Je ne sais pas si c’est lui qui me donne cette confiance, mais j’ai ôté la veste. Moment rare, émouvant. Le shooting continue, la beauté dans le cœur.

Changement d’endroit à nouveau, le soleil s’offre un peu plus, baignant de chaleur les berges qui dévoilent leurs marrons, leurs jaunes dorés, puis leurs verts. Je suis en pull et je n’ai plus vraiment froid. Même un soleil d’hiver, ça réchauffe sa femme. Le bleu du ciel apparaît enfin. Je réussis un changement de tenue pour me fondre au paysage et faire quelques dernières poses.

Le shooting se termine. Nous clôturons la session au soleil en pleine polychromie cette fois, autour d’un thé bien mérité. Douceur et lumière ont été au rendez-vous, malgré le froid. Nathalie m’a sacrément bien drivée et elle a déjà 700 clichés dans la boîte ! Dans quelques jours, je recevrai la sélection d’une soixantaine d’entre eux. Et je ne pense déjà qu’à une chose. Le revoir. Ce soleil.